L’édito du n°241
Taillons Retailleau
Ah, qu’il est bien dans l’air fétide du temps, Retailleau. Avec sa vilaine tête de préfet vichyste, sa ganache binoclarde constipée de haine crachant son obsession de l’ordre l’ordre l’ordre, le si sinistre de l’Intérieur se baigne dans la crispation identitaire et la vindicte anti-musulman·es comme un porcinet dans son auge. Tout est bon, dans ses actes et ses prises de parole, pour entretenir ce climat suffocant.
Le voile ? Il faudrait étendre son bannissement « aux compétitions sportives ou aux sorties scolaires », suivant ce mantra implacable : « Vive le sport et donc à bas le voile ! » Le lycée musulman Averroès, pourtant blanchi par le tribunal administratif ? Un lieu d’entrisme de l’« islamisme politique qui se déploie à bas bruit, qui tente d’infiltrer la société française par le biais d’associations sportives, culturelles, sociales ». Brrrr. Les Algériens ? Il les traite en colon, se mêlant des affaires étrangères alors qu’il est ministre de l’Intérieur et accuse leur gouvernement d’« humilier la France » en ravivant des plaies purulentes (voir p.3).
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Et après tout, comment s’étonner ? N’est-ce pas ce même Retailleau qui avait évoqué une « régression vers les origines ethniques » après les émeutes ayant suivi le meurtre policier de Nahel à l’été 2023 ? Tiens, d’ailleurs, il vient de se faire brocarder par Mediapart pour avoir décoré de la « médaille de la sécurité intérieure » cinq flics pourtant mis en examen pour un assassinat.
Dernière séquence ? À Nantes, ce 24 avril, une lycéenne est tuée de 44 coups de couteau. Effroyable drame, qui le voit débouler illico en Loire-Atlantique afin de postillonner un discours sur l’ensauvagement de la jeunesse et son prétendu « besoin d’autorité ». Le lendemain, Aboubakar Cissé, 23 ans, est assassiné dans une mosquée de La Grand-Combe par un fanatique anti-Islam. Où est Retailleau ? À un meeting de campagne des Républicains. Le lendemain, aux obsèques du pape François. Au bout de 48 heures, il finit par passer une tête (presque) sur place, mais personne ne l’a vu à la marche blanche en l’honneur du défunt. Faut dire qu’il n’aurait pas été accueilli avec des fleurs : en banalisant la haine des musulman·es, à l’instar de sa famille politique (au sens large), il alimente et normalise le racisme ambiant qui encourage ce genre de passage à l’acte. Nul doute d’ailleurs que l’incendie criminel de la mosquée de Jargeau (Loiret), dans la nuit du 25 au 26 février, ne l’avait pas empêché de dormir. Entre pyromanes, on se comprend…
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Bon, on peut quand même lui accorder une chose : il n’est pas pire (mais pas mieux non plus) que ses congénères. De Wauquiez à Darmanin en passant par la porcherie de CNews ou les étables de France Soir, le fumier est à la mode. Et toutes nos excuses aux porcs, les vrais, qui s’avèrent mille fois plus dignes que ces pelles à merde qui nous gouvernent en bramant leurs passions tristes.
Cet article a été publié dans
CQFD n°241 (mai 2025)
Dans ce numéro, on se penche sur le déni du passé colonial et de ses répercussions sur la société d’aujourd’hui. Avec l’historien Benjamin Stora, on revient sur les rapports toujours houleux entre la France et l’Algérie. Puis le sociologue Saïd Bouamama nous invite à « décoloniser nos organisations militantes ». Hors dossier, on revient sur la révolte de la jeunesse serbe et on se penche sur l’enfer que fait vivre l’Anef (Administration numérique des étrangers en France) à celles et ceux qui doivent renouveler leur titre de séjour.
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Paru dans CQFD n°241 (mai 2025)
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Mis en ligne le 05.05.2025
Dans CQFD n°241 (mai 2025)
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