Lu dans Viento Sur

La Vuelta gagnée par le mouvement pro-Palestine en Espagne

Le 14 septembre, 100 000 manifestants ont occupé le centre de Madrid et arrêté avec succès la dernière étape de la Vuelta, course cycliste nationale espagnole. Le journal Viento Sur revient sur les leçons politiques de l’évènement1.

Blocages, intrusions : le parcours de la Vuelta a été quotidiennement perturbé jusqu’à la dernière étape de la course cycliste espagnole, jusqu’à empêcher le peloton de l’équipe Israël-Premier Tech d’arriver à la capitale. Les manifestants dénonçaient le blanchiment de l’État hébreu génocidaire au travers des institutions sportives. Une victoire populaire que le gouvernement de Pedro Sánchez s’est empressé de saluer, mais aussi de réprimer par blindés et flashballs. Víctor de la Fuente, membre d’Anticapitalistas, partage son opinion dans Viento Sur, loin des récits qui encensent le rôle du chef du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE).

« Comment en sommes-nous arrivés à ce niveau de mobilisation ?

[…] Ce type de grande explosion sociale peut paraître spontané. Or, pour réussir le déclic, il faut d’abord un embryon : un travail militant préparatoire de nombreuses années qui rend possible le moment de débordement […]. Cette victoire peut s’expliquer par la combinaison entre une évidence objective – le fait que le gouvernement espagnol ne rompt pas les relations avec l’État génocidaire d’Israël, le magma politique de solidarité avec la Palestine semé pendant des années dans l’ensemble du territoire espagnol, et la capacité à instaurer un rapport de force face à nos gouvernements soutenants de l’impérialisme occidental.

En quoi cette victoire met-elle la pression au gouvernement de Sánchez ?

Après deux ans de génocide, Sanchez et son gouvernement ont été incapables de répondre concrètement aux exigences populaires d’une rupture avec Israël. […]

D’un côté, Sanchez annonce un embargo qui n’arrive jamais et permet la persistance du sionisme dans l’état espagnol ; de l’autre, il reporte toute mesure qui concrétiserait cette rupture et déploie le 14 septembre à Madrid un dispositif de plus de 1500 policiers, équivalent à celui du dernier sommet de l’OTAN […].

Conscient de la situation et de manière opportuniste, Sánchez a salué les manifestations avec l’intention de surfer sur la vague de solidarité active avec la Palestine. Il faudra donc être attentifs aux prochaines annonces du conseil de ministres. Au vu des antécédents, il sera crucial de prêter attention aux détails, car le gouvernement a tendance à esquiver le conflit et à masquer l’absence de mesures significatives sous le masque du symbolisme. Il y aura cette fois-ci un prix à payer, puisqu’en reconnaissant la légitimité du mouvement, le PSOE ne peut se permettre d’ignorer ses revendications.

Quelle voie à suivre ?

La leçon est très claire : nous devons continuer à travailler dans la construction d’un mouvement unitaire et expansif, avec vocation de massification et des revendications politiques claires, indépendant du cadre gouvernemental. La condition est de garder toujours la même boussole : la nécessité de créer un rapport de force face à notre propre gouvernement et l’UE, les deux garants de l’État d’Israël. C’est sur cette force que nous devons bâtir la mobilisation du 4 octobre, appelée par RESCOP2 [pour demander un embargo total et rupture définitive des liens avec Israël] ».

Par VÍctor de la Fuente Traduit par Ricardo Robles

Cet article fantastique est fini. On espère qu’il vous a plu.

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1 « Situación y lecciones de una victoria política que abre camino más allá del gobernismo », Viento Sur (17/09/2025).

2 Réseau solidaire contre l’occupation en Palestine.

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Cet article a été publié dans

CQFD n°245 (octobre 2025)

Ce numéro d’octobre revient, dans un grand dossier spécial, sur le mouvement Bloquons tout et les différentes mobilisations du mois de septembre. Reportages dans les manifestations, sur les piquets de grève, et analyses des moyens d’actions. Le sociologue Nicolas Framont et l’homme politique Olivier Besancenot nous livrent également leur vision de la lutte. Hors dossier, on débunk le discours autour de la dette française, on rencontre les soignant•es en grève de la prison des Baumettes et une journaliste-chômeuse nous raconte les dernières inventions pétées de France Travail.

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