Détournement de manif
JEUDI 23 SEPTEMBRE, à Paris, le premier cortège de la manifestation contre la réforme des retraites arrive place Denfert-Rochereau. 300 000 manifestants, annoncent les syndicats. La police, exagérant systématiquement la comptabilité lorsqu’il s’agit du moindre incident dans les banlieues, divise, comme à son habitude, par cinq la taille de ces masses humaines. « Ce jour-là, on a décidé que la manif continuerait en direction d’une vraie cible. On a choisi le siège du Medef, dit Nico, membre de la CNT. Et on a déposé une demande d’autorisation à la préfecture ! Ça peut paraître bizarre, mais les flics nous l’ont donnée. » Tentative de prévenir les éventuels débordements en conservant le contrôle sur les éléments les plus agités ? Réduire le risque d’être pris au dépourvu ? Un cordon de flic barre le boulevard en direction du siège du Medef. Tollés. Les autorisations sont exhibées. La flicaille décide de ne laisser passer que les porteurs de drapeaux marqués CNT. La foule de plusieurs milliers de personnes, syndicalistes badgés et quidams de tous âges, s’agite. Le commandant des bleus ordonne alors à chaque personne de présenter une carte de l’organisation anarcho-syndicaliste. Insultes. Il prétend finalement fixer un quota de manifestants. Rapidement, la flicaille est encerclée : elle s’esquive. Rigolade et plaisir. Plusieurs milliers de personnes (8 000, 5 000 ?) reprennent la marche d’un bon pas jusqu’au siège du patronat. « C’est normal que ça parte un peu en speed », dit Nico à propos des quelques objets qui volent en direction des robocops entourant le bâtiment1. Ni la panacée, ni le saut immédiat dans l’insurrection. « On joue avec la légalité tout en tentant de la dépasser », explique un des initiateurs de cette extension de manif.
Cet article fantastique est fini. On espère qu’il vous a plu.
Nous, c’est CQFD, plusieurs fois élu « meilleur journal marseillais du Monde » par des jurys férocement impartiaux. Plus de vingt ans qu’on existe et qu’on aboie dans les kiosques en totale indépendance. Le hic, c’est qu’on fonctionne avec une économie de bouts de ficelle et que la situation financière des journaux pirates de notre genre est chaque jour plus difficile : la vente de journaux papier n’a pas exactement le vent en poupe… tout en n’ayant pas encore atteint le stade ô combien stylé du vintage. Bref, si vous souhaitez que ce journal puisse continuer à exister et que vous rêvez par la même occas’ de booster votre karma libertaire, on a besoin de vous : abonnez-vous, abonnez vos tatas et vos canaris, achetez nous en kiosque, diffusez-nous en manif, cafés, bibliothèque ou en librairie, faites notre pub sur la toile, partagez nos posts insta, répercutez-nous, faites nous des dons, achetez nos t-shirts, nos livres, ou simplement envoyez nous des bisous de soutien car la bise souffle, froide et pernicieuse.
Tout cela se passe ici : ABONNEMENT et ici : PAGE HELLO ASSO.
Merci mille fois pour votre soutien !
1 Une polémique surgira les jours suivants entre le SO de la CNT et ceux qui souhaitaient en découdre plus avant avec les flics…
Cet article a été publié dans
CQFD n°82 (octobre 2010)
Trouver un point de venteJe veux m'abonner
Faire un don
Paru dans CQFD n°82 (octobre 2010)
Dans la rubrique Billets
Par
Mis en ligne le 25.02.2011
Dans CQFD n°82 (octobre 2010)
Derniers articles de Gilles Lucas