Morceaux volé
Cacher ce voile

« Le pouvoir colonial français a une attitude très compliquée à l’endroit du voile. Pendant presque toute la durée de la colonisation, et particulièrement pendant les cinquante dernières années, le pouvoir français, au nom du code de l’indigénat (1865), protège le voile, parce que le droit de l’indigénat est un droit différentiel et discriminant, avec trois catégories. Un droit pour les Européens, un droit pour les juifs, qui va se fondre dans le droit français à partir du décret Crémieux (1870), et un droit particulier pour les musulmans qui est à la fois un droit infériorisant et protecteur.
Infériorisant, puisque les musulmans ont un statut juridique inférieur perpétuel, de tous ordres : il faut deux témoins contre un, ils ne peuvent pas agir en justice, etc. Bref, beaucoup moins de droits leur sont reconnus. En revanche, le droit coutumier local se trouve protégé par le droit français comme une exception aux lois de la République, ce qui, avec le recul, est assez invraisemblable. Du coup, la polygamie est protégée comme droit coutumier, le mariage des mineures, y compris vers 12-13 ans, est protégé comme droit coutumier, jusqu’aux promesses de mariage d’enfant. Et le voile est protégé. En sorte que l’on trouve des situations où les juges français refusent que des femmes voulant témoigner en justice se dévoilent, alors qu’elles se proposaient de le faire, comme c’est l’usage attesté dans l’islam : “Non, non, ne vous dévoilez pas, vous êtes musulmane.”
Ce régime juridique complexe du droit de l’indigénat est défait progressivement dans les années 1950. À cette époque, les Français comprennent qu’ils ne vont pas pouvoir garder la colonie en l’état et essaient de redéfinir, trop tard évidemment et de manière un peu panique, le régime colonial. Dans ce contexte, on assiste à des grandes fêtes de dévoilements forcés, pseudo-volontaires, organisées notamment par Lucienne Salan, épouse du général put schiste du 13 mai 1958. »
Cet article fantastique est fini. On espère qu’il vous a plu.
Nous, c’est CQFD, plusieurs fois élu « meilleur journal marseillais du Monde » par des jurys férocement impartiaux. Plus de vingt ans qu’on existe et qu’on aboie dans les kiosques en totale indépendance. Le hic, c’est qu’on fonctionne avec une économie de bouts de ficelle et que la situation financière des journaux pirates de notre genre est chaque jour plus difficile : la vente de journaux papier n’a pas exactement le vent en poupe… tout en n’ayant pas encore atteint le stade ô combien stylé du vintage. Bref, si vous souhaitez que ce journal puisse continuer à exister et que vous rêvez par la même occas’ de booster votre karma libertaire, on a besoin de vous : abonnez-vous, abonnez vos tatas et vos canaris, achetez nous en kiosque, diffusez-nous en manif, cafés, bibliothèque ou en librairie, faites notre pub sur la toile, partagez nos posts insta, répercutez-nous, faites nous des dons, achetez nos t-shirts, nos livres, ou simplement envoyez nous des bisous de soutien car la bise souffle, froide et pernicieuse.
Tout cela se passe ici : ABONNEMENT et ici : PAGE HELLO ASSO.
Merci mille fois pour votre soutien !
Cet article a été publié dans
CQFD n°133 (juin 2015)
Trouver un point de venteJe veux m'abonner
Faire un don
Paru dans CQFD n°133 (juin 2015)
Dans la rubrique Morceaux volés
Mis en ligne le 04.08.2015
Dans CQFD n°133 (juin 2015)