Ce Qu’il Faut Défendre
Pour le chien rouge : le flouze ou la piquouze
Nous sommes en l’an de grâce 2025 après Jésus-Christ. Les kiosques du Royaume sont tous entièrement occupés par la presse réactionnaire et patronale. Entièrement ? Non, pas encore ! CQFD s’arrache chaque mois une place au soleil, contraint cela dit de partager le crachoir avec les essuie-mains des milliardaires du pays. Chez les marchands de journaux, le Chien rouge qu’on le surnomme, est l’un des derniers à pouvoir porter une parole libre, résolument du côté des luttes et de l’émancipation. Et on va pas vous mentir, c’est pas un créneau spécialement rentable. Une fois de plus, le Chien rouge et sa langue bien pendue se retrouvent aux portes de la fourrière. Et pas d’adoption à la clef non, c’est pour l’euthanasie, la muerte. Derrière la grille, c’est un escogriffe en blouse blanche qui l’attend, rictus à la bouche et piqûre à la main. Et y aura pas de résurrection, pas de grand miracle. Peut-être que vous vous dites : oui et alors ? Des médias qui disparaissent, il y en a chaque année. C’est vrai, la disette frappe l’ensemble du secteur de la presse. Surtout lorsqu’elle est dactylographiée et que ses idées ne sont pas réactionnaires. Ceux qui survivent, pour la plupart, c’est grâce aux subventions de l’État, aux publicités ou bien aux injections de liquidités d’actionnaires friqués, tout frétillants à l’idée de pouvoir diffuser les leurs. Mais justement, dans cette bataille culturelle, il nous apparaît plus que jamais nécessaire de s’accrocher. Et de ne pas laisser le Chien rouge crever.
Défendre et contre-attaquer
Qui pour le remplacer dans les kiosques ? Qui rédigera des chroniques sur l’institution toute pétée qu’est l’éduc nat ? Qui pour se faire arrêter à la frontière américano-mexicaine et vous sortir un reportage de l’intérieur des cachots pour demandeurs d’asile de l’Oncle Sam ? Qui pour rager contre l’intersyndicale qui nous met dedans à chaque mouvement social ? On l’a dit, on ne croit pas aux miracles. En revanche, on croit que les humains ont ceci de particulier qu’ils sont capables d’influencer par leurs actions individuelles, leur trajectoire commune. Comme de réussir à faire vivre des idées et des paroles à rebours des vents dominants, lorsque tout pousse à ce qu’elles soient réduites au silence. C’est pour continuer ce travail acharné que le 1er novembre, nous avons lancé une méga campagne de financement. On l’a appelée Ce Qu’il Faut Défendre (CQFD). Parce qu’aujourd’hui, contre l’offensive des milliardaires dans la sphère médiatique, il faut mieux que faire de la résistance : il faut contre-attaquer. Et pas se contenter d’une posture défensive, calquée sur l’agenda politique de Paris. Ce qu’on défend, c’est de l’info locale, de Marseille et d’ailleurs, indépendante et en format papier : presque une relique sacrée par les temps qui courent ! 30 000 pétards et des queues de cerises qu’on vise. L’objectif ce n’est pas de prolonger artificiellement de quelques mois une lente agonie, mais bien de permettre au Chien rouge de se refaire une santé. Parce qu’on pense qu’il a encore de belles années devant lui. 22 ans c’est quoi ? Même pas l’âge de Janis lorsqu’elle a passé le micro à gauche.
30 000 croquettes pour le Chien rouge
Pendant trois mois, jusqu’au 1er février 2026, on s’est fixé plusieurs paliers à atteindre. Entre 10 et 15 000 euros d’abord pour payer les factures et les trois demi-postes salariés sous-payés du journal, dont les émoluments sont actuellement tous suspendus. Notre graphiste et notre admin n’ont pas reçu un euro depuis le mois de mars et ça fait deux mois que nos secrétaires de rédaction travaillent gratos. Un bénévolat subi intenable.
La levée de fonds de l’an dernier avait pu éponger les dettes, mais pas plus. Entre-temps, comme France travail joue avec nos nerfs en changeant tous les quatre matins les conditions d’accès à son dispositif d’emplois aidés, il nous est passé sous le nez. Couic : moins 10 000 balles sur le compte. Et puis on a ouvert un nouveau poste de chargée des réseaux sociaux et du site web. Un investissement qui commence à porter ses fruits puisque les ventes en kiosques repartent doucement à la hausse (bien qu’elle non plus n’a pas reçu de salaire depuis avril). On vous épargne la tambouille interne – pas assez punk – mais sur le plan comptable aussi des choses ont été mises en place pour stabiliser les finances sur le long terme. Enfin, on aimerait pouvoir investir à nouveau dans les éditions du Chien rouge pour sortir de nouveaux livres. On voit le filet lumineux au bout du tunnel. Mais avant de parvenir à un semblant d’équilibre budgétaire qui repose sur ces investissements, on a encore besoin de vos dons : 30 000 euros et vroum, faire repartir la machine.
À vos poches
Alors, cher lectorat, les anciens, les anciennes, les nouvelles, les nouveaux, celles et ceux entre deux eaux, c’est à vous que l’on s’en remet. Il n’y a que vos dons et vos abonnements qui peuvent permettre à CQFD de persévérer dans son être. Pour les dons, ça se passe sur Helloasso ou par chèque à notre adresse (BP 70054, 13192 Marseille cedex 20). 2, 5, 10, 20, 50, 100, 500, 10 000 euros, tous les montants sont les bienvenus. Vous pouvez aussi abonner plusieurs personnes de votre entourage, vos ami·es d’accord avec le canard, ou vos ennemis, pour le plaisir. On vous aurait bien proposé d’abonner Sarko, mais depuis qu’il pionce à la Santé, il a le droit, comme tout détenu, à un abonnement gratuit, le petit veinard. Vous pouvez également prendre un abonnement avec renouvellement automatique, ce qui a la vertu non négligeable de nous permettre d’anticiper un peu sur l’avenir. Autre option : acheter des t-shirts, des livres ou nous envoyer 100 euros de jeux à gratter (attention que les tickets gagnants hein). Enfin, si vous êtes tout aussi fauché·e que nous, vous pouvez parler de notre campagne de financement à vos ami·es et aïeux mieux lotis pour les convaincre de s’abonner, d’acheter le journal ou de faire un don. Pour le Chien rouge, il n’y a plus que deux options possibles : soit c’est le flouze, soit la piquouze.
La rédaction.
Cet article fantastique est fini. On espère qu’il vous a plu.
Nous, c’est CQFD, plusieurs fois élu « meilleur journal marseillais du Monde » par des jurys férocement impartiaux. Plus de vingt ans qu’on existe et qu’on aboie dans les kiosques en totale indépendance. Le hic, c’est qu’on fonctionne avec une économie de bouts de ficelle et que la situation financière des journaux pirates de notre genre est chaque jour plus difficile : la vente de journaux papier n’a pas exactement le vent en poupe… tout en n’ayant pas encore atteint le stade ô combien stylé du vintage. Bref, si vous souhaitez que ce journal puisse continuer à exister et que vous rêvez par la même occas’ de booster votre karma libertaire, on a besoin de vous : abonnez-vous, abonnez vos tatas et vos canaris, achetez nous en kiosque, diffusez-nous en manif, cafés, bibliothèque ou en librairie, faites notre pub sur la toile, partagez nos posts insta, répercutez-nous, faites nous des dons, achetez nos t-shirts, nos livres, ou simplement envoyez nous des bisous de soutien car la bise souffle, froide et pernicieuse.
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Cet article a été publié dans
CQFD n°246 (novembre 2025)
Ce numéro de novembre est placé sous le signe de la bataille culturelle : face à l’extrême droitisation des médias, CQFD résiste et aboie. D’ailleurs, pour continuer d’exister, le Chien rouge a besoin de croquettes... On lance notre grande campagne de dons, Ce qu’il faut défendre. Objectif : 30 000 euros. On compte sur vous !
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Paru dans CQFD n°246 (novembre 2025)
Mis en ligne le 04.11.2025



