L’intro du dossier

Changer les règles du jeu vidéo

S’il y a bien quelque chose que certains droitards et gauchos ont en commun, c’est un mépris pour l’art vidéoludique. Source intarissable de paniques morales pour les un·es, outil de propagande américaniste pour les autres, le jeu vidéo concentre critiques et fantasmes de tous bords. Le président Macron lui-même n’a pas pu résister à la tentation des vieux clichés condescendants lorsqu’en 2023, pendant les révoltes suite au meurtre de Nahel par la police, il avait lancé à l’adresse des manifestant·es : « On a le sentiment parfois que certains d’entre eux vivent dans la rue les jeux vidéo qui les ont intoxiqués. » Alors, un fléau social qui empoisonne les jeunes esprits, le jeu vidéo ? Rappelons d’abord que c’est une industrie qui pèse lourd : 187,7 milliards de dollars au niveau mondial en 2024, 5,7 milliards d’euros en France – soit davantage que le box-office du cinéma. Il paraît même que notre pays est « une terre de studios de développement avec 600 studios et 1 257 jeux en cours de production » en 2023 et que 38,3 millions de français·es sont des gameur·euses – adultes comme enfants – soit 70 % de la population. Ça fait beaucoup d’intoxiqué·es.

Alors d’accord, comme tout art opérant à système capitaliste constant, l’industrie du jeu vidéo brasse des enjeux à coups de milliards, met aux prises salarié·es et patron·nes dans de rudes conflits sociaux, agrège des communautés hétéroclites. Eh oui, certains joueurs collent tout à fait à l’archétype du geek mascu d’extrême droite que vous vous imaginez. Les campagnes de harcèlement en ligne – misogynes, racistes – vont bon train et les héroïnes hypersexualisées de (au hasard) League of Legends continuent d’être populaires. Mais des poches de résistances existent... et s’organisent. Des joueur·euses et acteur·ices du secteur se regroupent et se soutiennent. Même certains studios tout-puissants ne peuvent plus totalement feindre de les ignorer : il leur faut désormais composer avec ces voix dissonantes qui réclament d’autres récits, d’autres corps, d’autres façons de faire.

Dans notre podcast Gaming et politique1, c’est à ces voix que nous donnons la parole, pour analyser ensemble, les ressorts politiques de cet étrange objet culturel qu’est le jeu vidéo. Et pour CQFD, nous avons accepté de concocter un dossier spécial sur cette industrie, traversée par des mouvements contradictoires, et de plus en plus bousculée par sa base.

Adri Ciambarella et Alex Pommatau

Cet article fantastique est fini. On espère qu’il vous a plu.

Nous, c’est CQFD, plusieurs fois élu « meilleur journal marseillais du Monde » par des jurys férocement impartiaux. Plus de vingt ans qu’on existe et qu’on aboie dans les kiosques en totale indépendance. Le hic, c’est qu’on fonctionne avec une économie de bouts de ficelle et que la situation financière des journaux pirates de notre genre est chaque jour plus difficile : la vente de journaux papier n’a pas exactement le vent en poupe… tout en n’ayant pas encore atteint le stade ô combien stylé du vintage. Bref, si vous souhaitez que ce journal puisse continuer à exister et que vous rêvez par la même occas’ de booster votre karma libertaire, on a besoin de vous : abonnez-vous, abonnez vos tatas et vos canaris, achetez nous en kiosque, diffusez-nous en manif, cafés, bibliothèque ou en librairie, faites notre pub sur la toile, partagez nos posts insta, répercutez-nous, faites nous des dons, achetez nos t-shirts, nos livres, ou simplement envoyez nous des bisous de soutien car la bise souffle, froide et pernicieuse.

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1 Disponible sur Spectre Média, Deezer, Arte Radio.

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CQFD n°244 (septembre 2025)

Pour cette rentrée agitée politiquement et socialement, on vous propose un dossier sous le signe de détente (pas tant que ça) : les jeux vidéos. Une industrie bien capitaliste reproduisant toujours les mêmes dominations. Mais certains·es irréductibles luttent pour déconstruire tout ça. Allez, à vos manettes ! Hors dossier, on analyse de la hausse des droits de douane, on prend des nouvelles (pas très bonnes) des indépendantistes Kanaks jugés devant les tribunaux, on donne la parole aux pompiers du Sud, en première ligne face au incendies et on s’intéresse aux violences policières en Belgique.

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Paru dans CQFD n°244 (septembre 2025)
Dans la rubrique Le dossier

Par Adri Ciambarella, Alex Pommatau
Mis en ligne le 06.09.2025