Consommation domestique
Arnaques à l’électricité verte
La libéralisation du marché de l’électricité, en 2007, aura au moins amené cela. Désormais, chaque foyer français peut se passer des services (principalement atomiques) d’EDF, et choisir librement son fournisseur de courant. Argument marketing de choc pour les entreprises du secteur : la vertu écologique de la production. Elles multiplient donc les offres « 100 % vertes ». Ce qui n’a souvent rien à voir avec la réalité, dénonce Greenpeace dans une édifiante enquête publiée en septembre dernier sur un site Internet dédié : Guide-electricite-verte.fr.
Il en est ainsi, par exemple, de Plüm énergie, qui se présente comme un « fournisseur d’électricité 100 % renouvelable ». Or, assure Greenpeace, cette entreprise ne produit pas de courant et « achète la totalité de son électricité sur le marché de gros, qui est essentiellement d’origine non renouvelable ». En France, en 2017, année de référence de l’enquête de Greenpeace, ce marché de gros était abondé à 78 % par le nucléaire et à 11 % par le charbon, le gaz naturel et le pétrole.
Trompeuses « garanties »
Le plus scandaleux, c’est que cette entourloupe est parfaitement légale. « La réglementation actuellement en vigueur n’oblige pas un fournisseur à acheter ou produire de l’électricité renouvelable pour pouvoir commercialiser des offres “vertes” d’électricité, explique Greenpeace. La seule obligation pour le fournisseur d’électricité est de se procurer des certificats appelés “garanties d’origine” : ces petits bouts de papier sont la preuve qu’une quantité d’électricité équivalente à celle consommée a bien été produite dans une installation renouvelable et injectée dans le réseau électrique, quelque part en Europe. » Mais attention, cela ne signifie aucunement que l’électricité effectivement vendue au consommateur provient de ces installations renouvelables !
Petite précision : « une garantie d’origine coûte actuellement en moyenne moins d’un euro par MWh, soit généralement moins de 2 % du coût de l’électricité produite… » Ce qui veut dire qu’en payant 100 € d’électricité prétendument verte, le consommateur aura contribué à hauteur d’à peine 2 € au strict financement du renouvelable – les 98 € restants auront abondé le marché de gros, essentiellement nucléaire ou fossile.
Les géants « vraiment mauvais »
Sur les 19 fournisseurs auscultés par Greenpeace, Plüm énergie se situe dans le troisième groupe, « à la traîne »1. Il y a pis. Dans ce quatrième groupe, « vraiment mauvais », on retrouve notamment les gros – Total, Engie et EDF – qui investissent certes dans le renouvelable mais balancent encore un fric monstre dans le fossile et le nucléaire. Le deuxième groupe, « en bonne voie », réunit des entreprises dont seule une minorité de l’électricité vendue est issue du renouvelable.
Dans le premier groupe, celui des « vraiment verts », ne figurent que trois fournisseurs : Énergie d’ici, Enercoop et Ilek. Leur électricité est complètement (ou presque) issue du renouvelable. Ouf, ça existe !
Cet article fantastique est fini. On espère qu’il vous a plu.
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1 Pour sa défense, on notera que Plüm énergie affirme se fournir en garanties d’origine auprès de petits producteurs d’hydroélectricité hexagonaux et qu’elle a mis en place un mécanisme d’incitation financière pour les foyers qui réduisent leur consommation.
Cet article a été publié dans
CQFD n°173 (février 2019)
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Paru dans CQFD n°173 (février 2019)
Dans la rubrique Le dossier
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Mis en ligne le 03.04.2019
Dans CQFD n°173 (février 2019)
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25 octobre 2020, 14:09
Bonjour, vous évoquez un deuxième groupe, en bonne voie ! Mais vous ne citez pas les entreprises ?