L’intro du dossier spécial 20 ans

Saboter tout, même nous

On va pas vous mentir, pas notre genre. Pour ce dossier qui nous tient méchamment à cœur et sur lequel on a sué sang et eau, on avait prévu de ciseler ici même une super introduction, à même de faire sangloter dans les chaumières et de convaincre le monde entier de s’abonner au Chien rouge. Sauf que...
Par Arthur Plateau

Lecteur chéri, lectrice adorée,

On va pas te mentir, pas notre genre.

Pour ce dossier qui nous tient méchamment à cœur et sur lequel on a sué sang et eau, on avait prévu de ciseler ici même une super introduction, à même de faire sangloter dans les chaumières et de convaincre le monde entier de s’abonner au Chien rouge.

On a donc commencé par empiler de belles phrases poignantes, détaillant les raisons pour lesquelles on se bat depuis vingt ans pile-poil pour être présent tous les mois en kiosque et causant passionnément de la « presse pas pareille » à laquelle on s’affilie fièrement. De jour en jour, ça progressait comme un travail d’orfèvre, étincelant, à la hauteur du taf abattu pour ce dossier. Alors qu’on soupesait le résultat obtenu, 27 pages (ratures comprises) hautes en couleur, quelque chose s’est mis en travers de notre studieuse détermination. Appelons ce curieux phénomène : «  Retard critique en fin de bouclage ». Ou, plus précisément : « Ah tiens, notre graphiste menace de nous découper à la tronçonneuse rouillée si on lui balance pas l’intro dans trente minutes pour qu’il puisse envoyer le bousin à l’imprimeur et aller mettre sa viande dans le torchon.  »

Face à ça, on avait deux solutions. Admettre notre défaite et se passer d’intro, ou la jouer punk.

Après vote à main levée, on a choisi le punk.

Démocratie directe oblige, le plus envapé des camarades présents s’est vu arbitrairement désigné et chargé de résumer en trois minutes les tenants et aboutissants des pages qui suivent. Chancelant au milieu du local, il a balbutié un résumé bancal, mais finalement assez fidèle de ce dossier balayant deux furieuses décennies d’agitation :

« Euh… Ça commence par six pages où on cause entre nous en mangeant du saucisson. Après on parle de pourquoi on fait un journal en papier (pas en carton, LOL), puis de comment on a gagné presque tous nos procès. Y a aussi un moment où on dit qu’on n’a pas de ligne éditorialo-politique mais en fait si. Et il y a un nombre incroyable de chroniques concoctées par des stars épatantes que personne connaît. Sinon, on offre aux gens plein de super posters, histoire de justifier les cinq balles de ce numéro spécial. Ah et aussi on évoque la continuation du journal en 2053, quand on aura tout brûlé et que le Chien rouge gambadera en terre décapitalisée ; démerdez-vous avec ça les historiens du futur. Je peux encore ajouter un truc sur le chat chelou mais adorable qui ces derniers temps se pointe tous les soirs au local en miaulant comme un dératé ? Nan ? Bon, ben poutous les lectrices et lecteurs.  »

Voilà, tout est dit.

Ce journal et son dossier filent donc à l’impression (et nous au bar).

On espère qu’ils vous plairont parce que, bordel ! on s’est donné,

BISOUS

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CQFD n°220 (mai 2023)

CQFD fête ses 20 ans d’existence ! Notre numéro 0 est en effet paru en avril 2003, notre numéro 1 le mois suivant… Un média indépendant qui tient deux décennies, qui plus est sur papier et toujours en kiosque, ce n’est pas si courant et on s’est dit que cela méritait d’être célébré ! Voici donc un numéro anniversaire (40 pages au lieu de 24 s’il vous plaît) avec un copieux dossier consacré à la vie trépidante du Chien rouge.
Mais on parle aussi de bien d’autres choses : depuis l’opération militaro-policière Wuambushu vue depuis Marseille (première ville comorienne du monde) à un entretien avec Lise Foisneau autour de son livre consacré aux Roms de Provence, des exploitées de la crevette au Maroc jusqu’aux victimes de crimes policiers au Sénégal en passant par les luttes pas toujours évidentes contre les barrages en Thaïlande... Et le mouvement social qui se poursuit encore et encore, évidemment ! On lâche rien !

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