Poing Pognon

C’est de là que c’est parti : à Marseille, dans un petit resto de la Belle-de-Mai, la Kuizin, le 19 janvier, nous étions une trentaine de contributeurs de CQFD à nous réunir. Tchatches, ébauches. Mais aussi, en dépit de l’envie de continuer à faire vivre votre mensuel préféré, un imparable verdict est tombé : retards accumulés de paiements pour l’imprimeur et le propriétaire de notre grotte marseillaise, retours de plus en plus exsangues de thunes par les ventes en kiosques et, de fait, impossibilités grandissantes de construire de nouveaux projets, de respirer, d’inventer et de poursuivre nos assauts. Et tout cela aggravé – temporairement, espérons-nous – par le changement de distributeur du journal vers les points de vente et le cafouillage que cela induit1. Alors, de l’avis de tous ; autant réchauffer les « eaux glacées » du calcul financier. Comment ? Tanner encore nos lecteurs sur le manque de fric ? Lancer un hululement désespéré de plus pour que mille abonnements fleurissent ? Basta ! qu’on s’est dit. Il fallait trancher entre les despérados qui disaient : « On envoie le bouzin et on cherche un million d’euros » et les plus prudents qui affirmaient : « Si on a 10 000 euros, c’est Byzance ! ». Ça sera donc 100 000…

Début février, quelques limiers improvisés ont commencé à faire chauffer téléphones et mails. Merci à JBB et Lemi, François Ruffin, Catherine Siné, Noël Godin, Yannis, L’Insomniaque, Chaya Films, Le Tigre, Alternative libertaire, Le Monde libertaire, Combat syndicaliste, Regards et tant d’autres sur les épaules desquelles nous avons trouvé une oreille attentive. La sortie du numéro 108, le 15 février, a continué de mettre le feu à la campagne. En quelques jours, c’est une jolie avalanche de chèques, virements, abonnements et autres mots d’amour qui a déferlé sur le bureau de Vé, l’émérite et forcené camarade qui s’occupe dans l’ombre des questions administratives.

Un peu de chiffres :
  Le mensuel coûte autour de trois mille euros par mois, en comptant l’imprimerie, l’envoi aux abonnés et le transport.
 On paie environ 600 euros pour notre local-grotte.
 Un Cdi à 20 heures/semaine et deux contrats aidés nous font encore lâcher un peu plus de fraîche.
 Il y a l’électricité, la photocopieuse, les téléphones, les abonnements internet, les envois postaux pour les journaux, les bouquins, les tee-shirts et le reste.

Depuis notre « Appel à 100 000 » nous avons pu apurer nos dettes les plus urgentes, celles avec notre imprimeur et notre bailleur. Des chèques dont le montant varie de quelques euros à quelques centaines, voir plus, nous sont parvenus. Des abonnés nous ont rejoints, la plupart d’entre eux effectuant un retour triomphal après nous avoir oubliés quelques temps. Le 16 février, le café-concert Le Molotov, à Marseille, nous a ouvert ses portes pour une soirée de soutien. Guinche, bières et 480 euros pour le journal. Côté courrier, un lecteur nous dit qu’il ne veut pas que lui « manque ce bon journal sur lequel tu éclabousses par négligence quelques gouttes de café tous les 16 au matin… » Un autre insiste : « Pas de connerie, […] restez sur papier mes amis, lol, je vous suis depuis vos débuts et… encore abonné… putain 10 ans et pleins d’autres à venir ! » Et aussi, des compliments, des critiques, des âcretés, des remarques… Wahou ! à la date du 8 mars, nous avions engrangé 20 819,94 euros et 128 abonnés de plus sont dans les starting-blocks pour recevoir leur journal. On devrait commencer à pouvoir respirer, avoir les moyens de circuler, de faire connaître planétairement l’existence du Chien rouge. Et surtout de continuer de répercuter les gestes et les mots de ceux qui contribuent à l’effondrement de ce monde et au surgissement d’un autre à taille humaine. Joli programme, non ? Et un grand merci, provisoire bien sûr, à toutes et à tous.


1 À ce propos, nous vous invitons à nous faire connaître tous les points de vente (kiosques, Relay) dans lesquels le Chien rouge semble cruellement manquer. On rectifiera le tir. Envoyer les adresses à momobrucke @ cqfd-journal.org ou, si vous n’avez pas Internet, par voie postale, directement, au local.

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