Dossier spécial Inde

Lexique et carte de l’Inde

Pour s’y repérer dans notre dossier spécial Inde : « Mousson brune : Fascime et résistances » d’avril 2024, quelques éléments de lexique - et même une carte !
Une carte de Patobeur
1,4 milliard, Ça en fait du monde !

L’Inde est un État fédéral, composé de 28 États marqués par des différences économiques, religieuses, et culturelles importantes. Avec ces 1,4 milliard d’habitant·es c’est le pays le plus peuplé au monde. Si près de 60 métropoles dépassent le million d’habitant·es et que les mégalopôles de New Delhi (58,2 millions d’habitants) et Mumbay (28,6 millions d’habitants) sont parmi les plus peuplées du monde, la population rurale reste majoritaire à près de 65 %.

  • 1) Ayodhya  : Lieu de la destruction de la mosquée Babri Masjid en 1992 et de l’inauguration du nouveau temple au dieu Ram en janvier 2024 [voir Discours génocidaires à l’ombre des décombres  ].
  • 2) Cachemire : Territoire qui lutte pour son autonomie. En août 2019, la semi-autonomie dont jouissait cet État depuis l’indépendance a été retirée, avec l’abrogation des articles 370 et 35A de la Constitution indienne, qui définissait le statut spécial accordé à l’État du Jammu-et-Cachemire [Chroniques de l’Inde rurale].
  • 3) Pune  : Ville qui a accueilli la conférence contre le fascisme « Elgar Parishad », le 31 décembre 2017, dont les organisateur·ices ont été accusé·es d’avoir incité à la révolte. 16 militant·es des droits de l’homme ont l’année suivante été emprisonné·es et attendent toujours leur procès [voir « Parler de fascisme, c’est être à la hauteur de la situation »].
  • 4) Hasdeo Forest  : Forêt défendue par les personnes qui y vivent, appartenant à des communautés adivasis (voir ci-contre) alors qu’un gigantesque projet d’extraction de charbon est en cours [voir Ici, même les arbres pleurent].
  • 5) Allahabad : La ville où la leader étudiante musulmane Afreen Fatima vivait et dont la maison a été démolie par le pouvoir [« Nous devons baisser les yeux et ne pas faire de bruit »].
  • 6) Tihar Jail (Delhi)  : La prison où se trouve le leader Umar Khalid pour s’être mobilisé en 2020 contre la loi qui refuse la citoyenneté aux musulman·es qui ne sont pas né·es en Inde [voir « La sueur des flics et les larmes des familles »].
  • 7) Jawaharlal Nehru University (Delhi)  : L’université, réputée pour la liberté d’expression et le débat d’idées, est surveillée par le pouvoir [Les étudiant·es gauchistes payent l’addition].

->4167]

Lexique

Adivasi : Terme hindi signifiant « premiers habitants » et regroupant près de 700 tribus différentes (plus de 100 millions de personnes). Refusant le système des castes, les avidasis vivent encore majoritairement dans les forêts et sont en grande partie les descendant·es de celleux qui habitaient le territoire avant les invasions aryennes (2e millénaire av. J.-C.) et turques musulmanes (dès le VIIIe siècle).

Bharatiya Janata Party ou BJP : « Parti du peuple indien », formation ultranationaliste qui a porté Narendra Modi au pouvoir en 2014. Son projet politique est de faire de l’Inde un État hindou [voir Hindutva].

Caste : Système social mis en place il y a environ 3 500 ans. Les castes sont très nombreuses, mais regroupées en quatre catégories hiérarchisées (appelées varnas) : au sommet les brahmanes [prêtres, hommes de lettres] associés à la pureté, suivis des kshatriyas (guerriers, nobles, gouvernants) et des vaishyas (commerçants, exploitants agricoles), viennent ensuite les shudras (artisans, manœuvres agricoles ou autres) qui représentent environ 50 % de la population, et tout en bas, les acchut, mot signifiant « intouchables ». Bien que les castes aient été officiellement abolies en 1950, les mariages se font le plus souvent au sein d’une même jati (sous-groupe de caste), le nom de famille de chacun signale sa position sociale, et beaucoup de métiers sont occupés par les membres d’une même caste. L’État réserve des quotas de postes publics à celles et ceux issu·es de castes historiquement discriminées.

Dalit : « Brisé » en hindi. Mot choisi par les intouchables pour s’autodésigner après que le groupe politique révolutionnaire des Dalit Panthers l’a popularisé dans les années 1970 [voir Namdeo Dhasal, poète Panthers]. Aujourd’hui comme hier, ils effectuent les tâches les plus dégradantes – autant qu’indispensables – de la société (nettoyage des latrines et des égouts, collecte des ordures, équarrissage, etc.). D’après le recensement de 2011, ils représentent plus d’un dixième de la population.

Citizen amendment act ou CAA : Amendement à la loi sur la citoyenneté promulgué en décembre 2019 et mis en application en mars 2024, qui élimine des obstacles à l’obtention de la citoyenneté indienne pour les hindous, les sikhs, les bouddhistes, les jaïns, les parsis et les chrétiens originaires des pays voisins d’Afghanistan, du Bangladesh et du Pakistan. Les réfugié·es musulman·es sont exclu·es du dispositif.

Hindi-ourdou : Autre nom de l’hindoustani, langue parlée dans le nord de l’Inde, qui se nourrissait d’un riche mélange de sanskrit, d’arabe et de persan. De cette langue sont nées les langues modernes hindi (plus inspiré du sanskrit) et ourdou (avec plus de mots issus du persan et de l’arabe), dont les locuteurs se comprennent toujours aisément à l’oral. Parmi les 270 langues parlées en Inde, le hindi est la langue maternelle de 41 % de la population, première langue officielle devant l’anglais.

Hindutva : Idéologie ethnonationaliste qui cherche à ériger un État hindou en Inde, dans lequel la communauté religieuse hindoue jouirait de privilèges et de droits dont seraient exclues toutes les minorités, considérées comme illégitimes à habiter le pays. Le BJP, parti actuellement au pouvoir, met en application cette idéologie.

Unlawful Activities (Prevention) Act ou UAPA : « Loi relative à la prévention des activités illégales », législation anti-terroriste largement utilisée actuellement pour enfermer des opposant·es et activistes, permettant notamment de rendre beaucoup plus difficile la liberté conditionnelle avant jugement.

Vishva Hindu Parishad ou VHP : « Conseil hindou mondial », organisation ultranationaliste sous la tutelle du RSS [voir « Parler de fascisme, c’est être à la hauteur de la situation »] chargée de développer les projets de « services sociaux », mais qui s’applique à développer les infrastructures hindouistes dans tout le pays. Il a planifié la destruction de la Babri Masjid et encouragé les pogroms antimusulmans de 2002 au Gujarat.

Par Camille Auvray et la rédaction de CQFD
Facebook  Twitter  Mastodon  Email   Imprimer
Écrire un commentaire
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Cet article a été publié dans

CQFD n°229 (avril 2024)

Dans ce numéro 229, c’est le retour de notre formule trimestrielle de 32 pages ! Un dossier spécial détachable sur l’Inde « Mousson brune : fascisme et résistances en Inde » nous emmène voir le pays le plus peuplé du monde autrement, auprès d’une société indienne qui tente de s’opposer à Narendra Modi et son suprémacisme hindou. Hors-dossier, des destinations plus improbables encore : CQFD s’invite dans les forêts du Limousin, à Montpellier observer la sécurité sociale alimentaire, et même dans la tête d’un flic. On y cause aussi droit international avec l’état d’Israël en ligne de mire, on y croise une renarde comme dans le petit prince, et on écoute les albums de Ben PLG et le pépiement des oiseaux printaniers.

Trouver un point de vente
Je veux m'abonner
Faire un don