Les fossoyeurs du cimetière Méditerranée

Lampedusa : naufrage mémoriel

En première ligne face aux côtes libyennes et tunisiennes, l’île italienne de Lampedusa est devenue à force de naufrages un symbole fort des douleurs de l’exil et des conséquences meurtrières des politiques européennes en la matière. C’est aussi un lieu habité par la mémoire des personnes en migration mortes en mer. Face aux chacals de l’extrême droite et aux tentatives de récupération mémorielle de l’État italien, des militantes et militants s’efforcent de politiser le souvenir des disparus. Reportage.

Début août 2022. Le secrétaire fédéral de la Lega et aboyeur anti-migrants Matteo Salvini est de passage sur la petite île italienne de Lampedusa. En campagne, il est venu fourguer son habituel beurre rance électoral à forte teneur en xénophobie. Ses discours sont connus, attendus : il faut « fermer les ports », stopper la « vague migratoire », etc. Comme c’est l’été et qu’il y a dans le coin des plages paradisiaques, il en profite pour s’offrir une petite escapade en bateau, sur lequel il se fait photographier en maillot de bain. Le navire loué par son équipe s’appelle le Gamar. C’est celui d’un ancien pêcheur, Vito Fiorino, qui fut aussi le premier à arriver sur les lieux du meurtrier naufrage d’un chalutier le 3 octobre 2013, à quelques encablures de l’île. Trois-cent-soixante-huit personnes y ont perdu la vie, pour beaucoup érythréennes. Vito et ses marins en ont sauvé 47. En 2017, traumatisé, il a vendu son bateau à un entrepreneur touristique et pris la tangente pour une commune des environs de Milan où il s’est réinventé glacier 1. Et voilà donc Salvini bronzant en short de bain sur un symbole fort du « cimetière Méditerranée ». L’indécence ultime.

Une chose cependant a chiffonné le boss de la Lega. Depuis 2020 et la crise Covid, les personnes exilées sont cadenassées dans le hotspot 2 de l’île, sans aucune possibilité de sortir avant leur transfert vers la Sicile. Sur place, elles sont donc de purs fantômes 3. Les rares traces de leur passage ? Des carcasses de bateaux refoulés sur les côtes, quelques tas de vêtements mêlés à des gilets de sauvetage disséminés de-ci de-là près des rivages et le cimetière de l’île où sont enterrées des personnes ayant succombé à la traversée. Pour le reste : on ne les croise nulle part. Difficile pour Salvini de dérouler son narratif dans ces conditions. Ce que l’architecte Antonino Taranto, fin connaisseur de l’île, résume avec sarcasme dans un texte intitulé « Les invisibles de Lampedusa », écrit en septembre 2022 : « Matteo Salvini [...] était si déçu de ne pas trouver l’île envahie par les “illégaux” qu’il a prétendu que quelqu’un les avait cachés.4 »

Cirque mémoriel

Deux mois après le passage de Salvini est organisée sur l’île une journée d’hommage aux victimes du 3 octobre 2013. Neuf ans ont passé. Il y a foule, surtout pour une île d’environ 6 000 habitants. En dehors des quelques organisateurs du Comitato Tre Ottobre, les participants sont essentiellement des étudiants européens blancs rameutés dans le cadre de l’événement 5, la plupart vêtus d’un hypocrite tee-shirt « Welcome Europe ». Ils sont secondés d’une kyrielle de représentants des autorités sur l’île, dont beaucoup de militaires en uniforme. Pour invité d’honneur, Roberto Fico, celui qui est alors président de la Chambre des députés. Fico est membre du Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo, qui en 2018 était allié à la Lega de Matteo Salvini au sein d’un gouvernement ayant férocement durci les politiques migratoires italiennes, au prix d’un abandon du secours maritime et d’une inflation des naufrages meurtriers. Lui-même n’était pas favorable à cette politique, mais n’a pas pour autant claqué la porte. Sachant que son parti est également coutumier de déclarations chocs sur la question migratoire, ayant notamment popularisé l’expression « taxis de la mer » pour désigner les navires d’ONG 6, sa présence interpelle.

Photos Lémi

Terminus de la procession, débutée par l’éprouvante prestation à vocation tire-larmes d’une chorale de bambins, un monument intitulé « Porte d’Europe », œuvre du sculpteur Mimmo Paladino érigée en 2008, tournée vers la mer et la côte libyenne (distante de trois cents kilomètres). Là, sur les rochers surplombant les flots, un prêtre, un imam, Fico, des étudiants et des représentants du Comitato Tre Ottobre tiennent des discours débordant de bons sentiments, dont il ressort grosso modo que tout le monde parmi les présents est bien intentionné, qu’il faudrait davantage de secours en mer et que la vie est plus forte que la mort. Vient alors – enfin ! – un moment où les noms des personnes ayant perdu la vie le 3 octobre sont cités. Ou plutôt : commencent à être cités. Car très vite un gamin blondinet vêtu lui aussi d’un tee-shirt « Welcome Europe » couvre de sa voix l’énumération, entonnant à la Eros Ramazzotti une chanson au lyrisme dégoulinant sur le courage de celles et ceux qui traversent la mer.

« Una grande cagata ». Une grosse merde. C’est ainsi qu’une habitante, militante de longue date pour un autre accueil des personnes exilées, contactée avant mon passage, avait qualifié le raout à venir, assurant que ce jour-là elle se terrerait chez elle.

La bonne conscience envers et contre tout

Pour comprendre ce qui est mis en scène dans un tel événement, où des rouages humains de l’Europe forteresse se gargarisent de leur humanité dans une poisseuse atmosphère de spectacle compassionnel, il convient de prendre un peu de distance. Point le plus méridional d’Italie, paumée au beau milieu de la Méditerranée, l’île de Lampedusa voit depuis la fin des années 1990 les arrivées de personnes exilées se succéder sur ses côtes. Au fil des années, le rôle que l’État italien et l’Europe lui ont assigné à cet égard l’a totalement métamorphosée. Un changement de visage qui se traduit d’abord par une omniprésence des forces de l’ordre, délirante pour une île de cette taille, allant de la Guardia di Finanzia aux carabiniers en passant par des policiers italiens et européens, ou les émissaires de l’agence de garde-frontières et de garde-côtes européenne Frontex – la plupart n’étant pas assignés à des missions de sauvetage mais de surveillance. Beaucoup sont désœuvrés ? Pas grave : leur présence est avant tout un message, l’annonce que la porte de la forteresse est fermée à double tour. Car au fil des années, Lampedusa a été de plus en plus réduite à sa fonction de forteresse à la fois symbolique et bien réelle. Un théâtre parano, hérissé de grands radars de surveillance. Ainsi que l’écrit le chercheur Paolo Cuttitta dans « La “frontiérisation” de Lampedusa, comment se construit une frontière » 7 : « Son nom est définitivement lié aux images de “débarquements”, de “clandestins” et de “tragédies en mer”, souvent évoquées par les médias et commentées par les acteurs politiques. »

Au gré de cette construction de la frontière, les dates marquantes se succèdent, de l’ouverture du « centre de premier secours et d’accueil » (futur hotspot) en 1998 à l’arrivée de milliers de Tunisiens en 2011 suite au relâchement des frontières dû à la chute du dictateur Ben Ali. Mais c’est en fait l’année 2013 qui fait office de basculement, à double détente. Cette année-là, peu avant le drame du 3 octobre, le pape François se rend sur l’île pour appeler à un réveil européen en matière d’accueil des exilés. Suite au naufrage, et à un autre huit jours plus tard entre Malte et Lampedusa 8, l’opération Mare Nostrum est lancée en Italie, avec une réelle collaboration entre garde-côtes italiens et équipes d’ONG, et vise à secourir les exilés en mer. «  Ils ne nous mettaient pas de bâtons dans les roues, c’était l’inverse ; on faisait notre boulot main dans la main, si bien que le secours en mer était très efficace », se souvient Tamino, jeune Allemand qui effectue des missions depuis Lampedusa dans les avions de l’ONG Sea-Watch. C’est aussi l’époque où la maire de l’île Guisi Nicolini, en poste de 2012 à 2017, tente avec un certain succès de médiatiser la situation de Lampedusa et les drames qui s’y nouent.

Las : à l’image de celle ayant suivi la médiatisation de la mort du petit Alan Kurdi en 2015, cette séquence glisse vite aux oubliettes. L’Italie lâche Mare Nostrum en 2014, privilégiant une approche plus sécuritaire et beaucoup moins ambitieuse via l’opération Triton. Puis le 2 février 2017, le gouvernement italien passe un accord indigne avec la Libye, octroyant à ses « soi-disant gardes-côtes » (leur appellation chez les ONG) une large zone d’intervention SAR 9 et finançant ses milices navales chargées de les intercepter avant de les ramener sur place. Rappelons qu’une mission d’intervention de l’Onu a qualifié fin 2021 les multiples exactions qui y sont commises contre les personnes exilées de « crimes contre l’humanité 10 ». Tout cela conduit par le Parti démocrate (de « centre gauche »), avec l’aval intéressé de l’Union européenne bunkerisée, toujours friande d’externalisation du contrôle des frontières par le biais de régimes criminels 11.

Puis, c’est 2018 : Salvini ministre de l’Intérieur, le blocage des bateaux d’ONG, la grande dégringolade de l’idée de secours en mer. Le tout couronné en septembre dernier par la victoire de la « post-fasciste » Meloni. « Un nivellement par le bas accéléré », résume Chiara, militante atterrée du réseau Alarm Phone 12, rencontrée à Palerme.

C’est donc dans un contexte particulier qu’il faut replacer la commémoration du naufrage du 3 octobre. Au niveau local, national et européen, une politique d’endiguement des traversées et de soutien financier et logistique aux militaires libyens, bien symbolisé par les allers-retours d’un avion de Frontex, l’Osprey 3, souvent stationné à Lampedusa pour des missions d’appui aux autorités libyennes.

Dans ces conditions, mettre en scène une telle célébration mémorielle hors-sol et dépolitisée tout en criant « Welcome Europe », c’est l’équivalent d’un crachat à la mémoire des personnes mortes en mer ou dans les prisons-mouroirs de Libye. Bonne connaisseuse de Lampedusa, Anna Maria, Italienne installée à Marseille, résume bien les choses : « Pour moi, cette posture de l’hommage décontextualisé est presque aussi nocive que la position de l’extrême droite. Ils parlent de drame et disent que c’est la mer qui a pris ces victimes. Mais personne n’est responsable, personne n’est nommé. Tout est dilué. » Une sorte de greenwashing mémoriel, que le suractif avocat spécialisé dans le droit des personnes exilées Fulvio Vassallo, rencontré à Palerme, résume ainsi : « C’est le lavage collectif de la conscience. » Plus blanc que blanc.

Agiter le cimetière

Dans les marges de l’Europe forteresse, de Laâyoune (Sahara occidental) à Zarzis (Tunisie) en passant par Calais, la question de l’identification et de l’inhumation des personnes disparues en mer ou dans le désert est récurrente. À Lampedusa, ils sont quelques-uns à se battre de longue date pour que les personnes exilées enterrées ici le soient dans les conditions les plus dignes possibles. Membre de l’association Mediterranean Hope qui, lors du débarquement des personnes exilées sur l’île, est chargée du premier contact via boissons chaudes, paroles d’accueil et couvertures avant qu’elles ne soient convoyées au hotspot, Francesco Piobbichi est de ceux-là. « Quand on me demande combien d’exilés morts en mer sont enterrés ici, j’ai l’habitude de répondre : des dizaines de milliers », lâche-t-il, faisant référence au nombre affolant de décès dans toute la Méditerranée 13. Le chiffre réel est évidemment beaucoup moins élevé, les corps des victimes de naufrages comme celui du 3 octobre 2013 étant souvent emmenés en Sicile pour l’inhumation.

Dans le vieux cimetière de Lampedusa, à deux pas d’une crique que borde l’usine de dessalement de l’île, il faut s’enfoncer dans les allées pour découvrir le travail de Francesco et de ses camarades du collectif Lampedusa Solidale, notamment dédié à la mémoire des personnes exilées mortes en mer. Entre les sépultures classiques d’habitantes et habitants de l’île, on en découvre d’autres, ornées de peintures colorées ou d’œuvres en céramique – une plume émergeant d’une mer pleine de barbelés, une barque portée à bout de bras, le portrait d’un enfant, etc. Des panneaux cherchent à combler le vide, apportant de maigres informations. Ici reposent trois hommes d’environ 20 ans, « probablement d’origine subsaharienne ». Plus loin, à côté de la tombe d’un homme non identifié, il y a celle d’Ezequiel, « 26-02-1973 / 21-01-2009 », « retrouvé sans vie dans l’embarcation avec laquelle il cherchait à rejoindre l’Europe ». Quelques pas et c’est le lieu de repos définitif d’Esther Ada, Nigérienne décédée à 18 ans – sur les carreaux bleus et blancs de sa tombe, son portrait est accompagné de vagues charriant des barbelés.

« Tout ça c’est un show, une manière de ne rien changer »

Les dessins sont signés de Francesco, lequel rappelle que pendant longtemps les tombes étaient dans un état « indigne ». Mais il n’est pas question ici que de dignité. En mobilisant des symboles comme les barbelés, il s’agit de rompre avec la neutralité : « C’est un cimetière agité. Il est important de dire “n’oubliez pas qui a fait ça”. » Et de fustiger aussi la cérémonie du 3 octobre, symptôme selon lui d’une récupération éhontée : « Tout ça c’est un show, une manière de ne rien changer. Alors qu’il faudrait au contraire décoloniser les frontières de la rhétorique humanitaire de la bonne conscience et mettre en avant l’idée de liberté de circulation.  »

Une approche plus offensive, diffusée en Europe comme en Afrique par des militants refusant le discours de la fatalité et s’engageant activement contre les murs de l’Europe forteresse. C’est le cas par exemple des « commémorActions », notamment portées par le réseau Alarm Phone, qui allient hommage aux personnes disparues, dénonciation des responsables européens et revendications politiques fortes. Elles se déroulent aussi bien à Agadez (Niger) ou Sokodé (Togo) qu’à Berlin ou Madrid. En 2020, 2021 et 2022, de nombreux événements ont ainsi été organisés des deux côtés de la Méditerranée le 6 février, date commémorative du « massacre de Tarajal ». C’est en effet le 6 février 2014 que la Guardia Civil de Ceuta (Espagne) a tiré sur des personnes exilées arrivant à la nage du Maroc voisin, faisant 15 morts et des dizaines de disparus. Une date qui « résonne fort dans de nombreux cercles de proches et de militants au Maroc et en Afrique subsaharienne, car elle a constitué un traumatisme pour un grand nombre de familles et communautés », explique une militante marseillaise d’Alarm Phone. Objectif de ces manifestations internationales du 6 février : non seulement dénoncer les crimes européens et les morts aux frontières invisibilisés, mais aussi tisser un réseau mêlant en divers lieux phares de la route migratoire familles des victimes et activistes locaux. Le tout accompagné d’un discours résolument sans eau tiède, à l’image du dernier appel en février 2022 : « Nous accusons les responsables de ce génocide en cours : les gouvernements qui, en militarisant le contrôle des frontières intérieures et extérieures, rendent de plus en plus dangereuses les routes migratoires. 14 »

Selon l’actualité, il existe aussi des commémorActions à d’autres dates. Ainsi celle organisée début septembre à Zarzis, au sud-est de la Tunisie. Cette fois-ci, la date renvoyait au naufrage du 6 septembre 2012, quand 80 personnes parties de cette ville avaient disparu au large de l’Italie. L’occasion pour les familles des personnes disparues de tisser des liens avec les pêcheurs du coin, impliqués dans le secours en mer et souvent criminalisés pour cela 15. Une manifestation étalée sur plusieurs jours… et qui semble avoir infusé dans la ville : le mardi 18 octobre dernier, des milliers d’habitants de Zarzis arpentaient la rue pour dénoncer un « crime d’État » après un nouveau naufrage au large du pays. À bord du bateau, 18 Tunisiens et Tunisiennes, dont les autorités auraient tenté de dissimuler les corps repêchés. Réaction immédiate de la ville : l’éruption populaire. Et ce slogan, parmi d’autres : « Arrêtez de tuer la jeunesse africaine ! Ouvrez les frontières ! »

Texte & photos d’Émilien Bernard


2 Ledit hotspot, lieu de rétention et de tri, dispositif expérimenté sous cette forme et appellation dès 2015 avec l’appui de l’Union européenne, est régulièrement dénoncé pour ses conditions de vie indignes.

3 L’auteur de ces lignes traitera de cette question de l’invisibilisation des personnes exilées à Lampedusa dans un prochain numéro de La Disparition, média épistolaire de haute qualité. À paraître début décembre.

4 « Gli invisibili de Lampedusa », site Tracce Migranti.

5 L’une des actions de ce collectif est d’instaurer des partenariats avec des lycées européens.

6 Expression forgée en 2017 par le cadre du parti Luigi Di Maio en réponse à un article du blog de Grillo s’interrogeant sur « le rôle trouble des ONG privées ».

7 L’Espace politique (08/04/2015).

8 Le naufrage, le 11 octobre 2013, d’un bateau partie de Libye avec 480 personnes à son bord, dont beaucoup de réfugiés syriens, pour un bilan de 268 personnes décédées.

9 Search and Rescue. À chaque pays doté d’une frontière maritime est confiée une zone de secours en mer des embarcations.

11 Voir notamment le dossier de notre n°209 (mai 2022) : « Europe forteresse, du sang sur les murs ».

12 Réseau transnational ayant mis en place un numéro d’urgence à destination des embarcations en détresse.

13 Le projet Missing Migrants de l’Organisation internationale pour les migrations comptabilisait, le 24 octobre 2022, 25 111 personnes exilées disparues en mer depuis 2014, en majorité en Méditerranée centrale. Ce chiffre est largement en-deçà de la réalité, beaucoup d’embarcations sombrant loin des radars.

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CQFD n°214 (novembre 2022)

Dans ce numéro empli de gestes techniques incroyables, un dossier sur le foot business et ses contraires : « On rêvait d’un autre foot ». Mais aussi : la grève des raffineries, le procès-bâillon de BFM TV contre le journaliste Samuel Gontier, un reportage à Lampedusa, un entretien avec le réalisateur Alain Cavalier, un point sur l’extrême droite israélienne... En enfin : un appel à soutien où l’on fait la lumière sur les comptes du journal et les mirifiques salaires de ses rares employés rémunérés…

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